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Exil et santé mentale

L'exil : un parcours jonché d'obstacles

Vivre en situation d’exil constitue un parcours jonché d’obstacles confrontant les personnes à des ruptures en tout genre, à la précarité, à la violence et à la mort.

L’hostilité des pays d’accueil envers les migrants, associée à un processus hasardeux de demande d’asile, ne facilitent pas le dépassement psychologique de ces épreuves[1]. Au contraire, les conditions d’habitabilité que rencontrent les personnes en situation d’exil tout au long de leur parcours génèrent des troubles anxieux et dépressifs, dont des troubles traumatiques, pouvant être particulièrement invalidants pour vivre. L’offre de soins permettant de soulager ces troubles est extrêmement disparate, en France comme ailleurs. 

Les réseaux de solidarité constituent, bien souvent, une ressource psychosociale indispensable

Vivre en situation d’exil, c’est aussi traverser des contextes politiques, sociologiques et historiques qui viennent qualifier ce qui relève ou non d’une relativement bonne santé mentale. Accompagner des personnes en exil, nous apprend notamment que toute définition de la santé mentale est située. La définition de la santé mentale que propose l’Organisation Mondiale de la Santé véhicule tout particulièrement une conception positiviste de l’individu. Etre en bonne santé mentale, c’est être responsable, autonome, flexible et performant, notamment au travail, ce qui constitue autant d’injonctions qui peuvent rendre malades notamment lorsqu’on se trouve sans papiers, sans toit, sans accès aux services permettant de répondre aux besoins de base.  

Face aux inégalités d’accès aux services, à la confrontation aux injustices sociales, aux différences de valeur accordées à chaque vie humaine, un certain nombre de psychiatres, psychologues, sociologues ont développé ces dernières années une perspective critique à la définition de l’OMS. Pour eux[2], la santé mentale serait plutôt une manière de vivre avec les autres tout en restant en lien avec soi-même, de manière suffisamment bonne (au sens de la vie bonne de Ricoeur). C’est-à-dire pouvoir investir et créer dans nos environnements de vie, y compris des productions « atypiques » et « récalcitrantes ». Une santé mentale suffisamment bonne est perçue ici comme étant indissociable d’une lecture politique des conditions d’enchevêtrements avec le monde. Il s’agit dès lors de comprendre les relations qu’entretiennent les personnes en situation d’exil avec leur corps, leur subjectivité et l’ensemble des êtres et objets présents dans leur environnement (famille, culture, travail, droits, santé, argent, etc.)[3] : qu’est-ce qui compte pour elles, comment s’habitent-elles et comment habitent-elles leur(s) monde(s) ? 

Les ressources dans l'Ain

Dans l’Ain, le Carrefour Santé Mentale Précarité du Centre Psychothérapique de l’Ain, les associations Alfa3a, Tremplin, l’ADSEA 01 œuvrent pour le mieux-être et l’accompagnement en santé mentale et soutien psychosocial des personnes en situation d’exil. 

Le Carrefour Santé Mentale Précarité constitue le référent du Réseau Samdarra sur le territoire de l’Ain.  

Sources

Guillaume Pégon, in ouvrage collectif, Sans abrisme et migrations, à paraitre, 2022.

[1] Thierry Baubet, Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, « Migrants et santé : soigner les blessures invisibles et indicibles » in Migrants en situation de vulnérabilité et santé, La santé en action, Santé Publique France, n° 455, mars 2011, p.15-18. 

[2] Cf. à ce propos le numéro 45 de la revue Rhizome, octobre 2012. https://www.orspere-samdarra.com/2012/mondialisation-et-sante-mentale-la-declaration-de-lyon-du-22-octobre-2011-une-presentation/ 

[3] Cf.  Guillaume Pégon, Le traitement clinique de la précarité, Collectifs d’intervention, parcours de vulnérabilité, pratique de care. L’exemple du Carrefour Santé Mentale Précarité du département de l’Ain, Thèse de doctorat de sociologie et d’anthropologie, Université Lumière Lyon 2, 2011. 

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